La semaine dernière, à l’émission Les Oranges Pressées à Cibl, j’ai parlé de pornographie. Ce thème m’a été inspiré après avoir eu vent qu’un congrès sur le sujet avait lieu à Montréal, congrès durant lequel on parle de business. Cela m’a donné envie de vous parler, oui de pornographie, mais aussi d’érotisme.
Quelques statistiques
L’industrie de la pornographie génère des milliards de dollars chaque année dans le monde. En même temps, cette industrie amène son lot de critiques. Jetons un rapide coup d’oeil à la consommation de pornographie au Canada.
Le site Internet Pornhub, site pornographique, a publié les statistiques du trafic ayant été généré sur son site en 2015.
Si l’on se fie à ces statistiques, le Canada arrive au 4e rang mondial quant à la fréquentation de ce site web. Ensuite, près d’un utilisateur sur quatre serait une femme. En ce qui a trait à ce que les gens recherchent comme type de pornographie, les mots les plus recherchés sur ce site web par les canadien-nes seraient Lesbian, Teen et Milf.
Cette dernière statistique amène à réfléchir quant à l’érotisation du corps des adolescentes ainsi que celui de le mère ayant gardé le corps de sa vingtaine. Je vous laisse faire votre propre réflexion à ce sujet!
Est-ce normal de regarder de la pornographie?
On se demande souvent s’il est normal de regarder de la pornographie ou encore, s’il est normal ou acceptable que son/sa partenaire consomme de la pornographie.
D’un point de vue clinique, pour dire que la consommation de pornographie est problématique, elle doit entre autre générer une souffrance chez la personne. Ainsi, une personne consommant de la pornographie mais n’en ressentant aucune conséquence négative ne sera pas considérée comme ayant une difficulté à ce niveau. Toutefois, si la personne a absolument besoin de la pornographie afin d’être excitée (érection chez l’homme et lubrification/engorgement des lèvres, du clitoris chez la femme) ou encore, si sa consommation nuit à son fonctionnement social, par exemple en refusant des sorties avec des ami-es ou en s’absentant du travail pour consommer de la pornographie, cela nécessite certainement une évaluation plus profonde ainsi qu’un soutien. Ajoutons ici que, d’un point de vue légal, plusieurs comportements reliés à la pornographie juvénile sont criminels au Canada.
La pornographie et le couple
La consommation de pornographie par l’un ou l’autre des partenaires peut avoir des effets indésirables dans le couple. Par exemple, la personne ayant remarqué que son/sa partenaire consomme de la pornographie peut avoir une baisse de confiance en elle ou en son partenaire, ressentir un sentiment de compétition et ne pas se sentir à la hauteur, avoir un sentiment de dégoût venant de ses propres valeurs face à la pornographie, se sentir trahie, etc. La personne qui consomme et qui s’est « fait prendre » peut se sentir coupable, non respectée dans son intimité, elle peut banaliser certaines pratiques dans les relations sexuelles, avoir des attentes irréalistes ou encore avoir une difficulté à être stimulée lors des relations sexuelles avec le/la partenaire. Ainsi, il peut s’en suivre une baisse d’intimité et de sexualité dans le couple.
Le consommation de pornographie peut aussi, bien entendu, faire partie d’une vie sexuelle satisfaisante. Certains couples vont l’utiliser comme ajout à leur vie sexuelle, avec ou sans le partenaire. Certains diront que la pornographie leur permet de fantasmer sur certains comportements qu’ils ne voudraient pas réaliser dans la réalité. D’autres disent que se masturber en regardant des images pornographiques leur permet de se détendre, de passer un moment avec eux-mêmes. Les impacts de la pornographie sur le couple, qu’ils soient positifs ou négatifs, sont multiples. L’important est de connaître vos perceptions ains que vos limites et de les respecter.
L’érotisme
Selon, moi, la pornographie gagnerait à intégrer davantage d’érotisme. Il a été dit maintes fois que la pornographie met l’accent sur la performance, sur les organes génitaux en omettant le reste du corps, et montre souvent un même type de corps (gros pénis, gros seins, grosses lèvres, organes génitaux imberbes…). Pourtant, l’érotisme peut enrichir une vie sexuelle, amener une grande excitation et beaucoup de plaisir. Le fait de prendre son temps, d’utiliser les cinq sens pour découvrir toutes les sensations que peut ressentir son corps et celui de son/sa partenaire peut certainement faire partie d’une vie sexuelle enrichissante, en se permettant de se laisser aller, de découvrir ce qui crée telle ou telle sensation, ce qui est agréable pour soi, ce qui l’est moins. Bien entendu, il est beaucoup plus confrontant d’être en réelle intimité avec son/sa partenaire, de se montrer sous tous angles. Pourtant, se permettre d’être soi, avec ce que l’on aime de sa personne et ce que l’on aime moins, en présence de l’autre, est la clé d’une réelle intimité et d’une relation intime, authentique et profonde avec son/sa partenaire.
La pornographie féministe
La pornographie féministe est un courant issu de la troisième vague du féministe. Elle propose justement une pornographie non axée seulement sur les organes génitaux et la performance, mais plus représentative de la réalité. C’est une pornographie qui se veut intégrative de la diversité des corps, des pratiques sexuelles et des fantasmes féminins. Le plaisir de la femme est mis de l’avant. Les relations sexuelles se retrouvent dans un contexte, dans une histoire, laissant le temps à la personne d’imaginer, de se reconnaître dans les « personnages », de laisser place à ses fantasmes, à son imaginaire érotique, de laisser monter son excitation. Ainsi, on y intègre davantage de sensualité. Pour plus de détails sur le sujet, vous pouvez cliquer ici.
Et vous, que pensez-vous de la pornographie, de l’érotisme et de la pornographie féministe? Maintenant, à vous de vous faire votre propre idée!